Limnochromis auritus sur Aqua Tanga.
Limnochromis auritus sur Destination Tanganyika !.
Systématique
Dans le passé, ce genre comptait onze espèces. En 1980, ce groupe a été éclaté mais Poll, en 1986, a rassemblé les trois espèces L. auritus, L. abeelei et L. staneri dans ce genre.
Habitat
Il n?est pas rare de le trouver à partir de 60 mètres de profondeur, sur les fonds vaseux constitués d?un mélange de sédiments et de sable qui en font un sol relativement résistant aux activités de terrassement. Vous l?aurez sûrement deviné, si je vous parle de vase et de terrassement, c?est bien dû au fait que Limnochromis auritus est champion dans sa catégorie. On peut donc le rencontrer à très grande profondeur, mais également à des profondeurs relativement faibles. Le souci de ce poisson est de se cacher de la lumière qu?il n?apprécie que très peu. S?il se trouve en eau peu profonde, il passera la majeure partie de son temps dans les galeries, qu?il aura pu creuser dans la vase. En revanche, à grande profondeur, là où la lumière pénètre moins, il vit en dehors des trous, toujours à surveiller le moindre mouvement suspect pour se précipiter dans son réseau de galeries. Si je vous parle de réseau, c?est bien parce que l?on peut comparer les galeries de ce poisson aux galeries creusées par les lapins, avec beaucoup de points d?entrées et autant de sorties possibles.
Description
D?une longueur totale maximale de 17 cm, ce poisson se reconnaît par sa forme de « bouledogue », comme diraient certains. Il présente des reflets rosés au niveau de son dos gris brun et des reflets jaunes au niveau de son ventre blanchâtre. Par-dessus cette palette de couleurs, nous apercevons des rangées d?écailles d?un bleu turquoise métallique. L?extrémité de la dorsale est jaune et, sur le reste de cette dernière, des points bleus métalliques viennent s?ajouter à cette parure. Les pelviennes sont très développées sur les sujets adultes et sont d?un blanc éclatant. Sur toutes ces couleurs viennent s?ajouter quatre bandes marron foncé qui débutent au bas de la dorsale pour se terminer avant l?extrémité inférieure du ventre.
Le dimorphisme sexuel étant inexistant, il y a nécessité de pratiquer la retournette pour les distinguer, l'orifice sexuel étant un peu plus grand chez la femelle.
Maintenance
Un aquarium avec une surface au sol de 150 cm x 50 cm semble être un minimum, même si certains les maintiennent en couple dans des aquariums de 100 litres, ce qui parait néanmoins un peu trop juste. Leur maintenance dans des espaces trop petits risquerait de modifier leur comportement. À cause de ses activités de terrassement, les pierres potentielles qui pourront couvrir la face arrière de l?aquarium et ainsi offrir aux poissons des abris et cachettes devront être posées à même la vitre inférieure.
Des tuyaux en PVC peuvent être enfouis dans le substrat avec des coudes qui remonteront jusqu'à la surface du sable mais faites attention aux angles car même si ce poisson se faufile facilement dans les endroits étroits, évitez tout de même des angles trop « secs ». Il est intéressant de noter aussi que ce poisson est capable d?effectuer des marches arrière dans les galeries, ce qui est une performance au vu de sa corpulence.
Alimentation
La nourriture recherchée en milieu naturel est composée d?invertébrés et autres escargots. En aquarium, ils acceptent assez bien toutes les nourritures, mais attention à bien varier les repas car, si vous leur donnez toujours la même chose, ils s?alimenteront moins.
Reproduction
La ponte a lieu dans une galerie. Vous devrez donc opter pour une des ces deux solutions: soit recréer exactement le fond du Tanganyika avec les mêmes concentrations de sable et de sédiment afin de créer une vase assez résistante pour supporter le poids du substrat au dessus des futures galeries, soit utiliser des tuyaux en PVC enfouis ou non dans le sable. Le diamètre conseillé par Mackie Kilts est un diamètre de 5 cm pour une longueur de 50 cm de tuyau d?un seul trait, c'est-à-dire sans raccord.
Benoît (Limnochromis)
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Expérience de Fred (Ammavita) :
Après de longues recherches, j?ai eu la chance de tomber sur un groupe de cette superbe et très intéressante espèce endémique du lac Tanganyika. Je fis donc l?acquisition de 2 couples de taille adulte (merci Michel pour le parfait sexage ).
Je les introduisis dans mon aquarium principal, un bac de 2 mètres 80 de long pour une capacité de 1200 litres. Les cohabitants de l?époque (et toujours d?actualité) étaient un groupe sauvage de Benthochromis tricoti Kigoma (3 mâles & 3 femelles) et un groupe de 9 F1 Cyphotilapia gibberosa blue Zaïre Moba.
Le décor de fond de cet aquarium est constitué de plaques de polystyrène et de mousse de polyuréthane sculptées donnant un effet assez réaliste de décor en roches. J?avais enterré 4 tubes en PVC d?une cinquantaine de cm de long (fermées en leur bout) dans le sable, laissant uniquement apparaître une ouverture de 5 cm.
A leur introduction, ils n?allèrent pas vers les tubes en PVC mais vers des interstices dans le décor de fond. Les 2 couples se formèrent directement, chacun dans leur « grotte ».
Le premier commença à terrasser à la droite du bac, le second, plus vers le milieu, derrière un tas de pierre. Par la suite, j?ai pu remarquer que le couple installé au milieu, utilisait également et enfin, un tube comme logement en plus de leur « grotte » dont les entrées se faisaient face.
De plus, l?entrée des « grottes » des 2 couples faisait partie d?une sorte de galerie. En effet, un individu rentrait par un côté et réapparaissait de l?autre. J?avais donc une galerie avec plusieurs entrées et sorties partagée par 2 couples. Peut-être l?effet « habitat réduit ». A voir et à confirmer?
A peine 4 jours qu?ils étaient là et une première incubation pour le couple de droite. 9 jours après, un essaim d?une centaine d?alevins trônait devant l?entrée de la grotte fièrement protégé par ses parents.
Le mâle a tendance à faire la toupie au-dessus du nid d?alevins dès qu?un intrus se rapproche. La défense du territoire est très assidue et les 2 parents s?empressent de reprendre leurs petits dans la gueule au moindre danger. Je n?ai par contre pas eu l?occasion ni la chance de voir le passage des alevins d?un parent à l?autre.
Lors de la garde, les parents sont très agressifs envers tout intrus. Que ce soit l?épuisette qui vient récupérer quelques alevins, le tuyau qui siphonne le substrat, un Fronto Moba de 15 cm qui profite de la distribution de nourriture et qui souhaite un petit « bonus » ou un mâle Benthochromis du double de leur taille qui vient s?égarer dans leur domaine et qui se fait malmener par les 2 parents en même temps, et ce alors que leurs rejetons font déjà près de 3 cm.
Contrairement à ce qu?a écrit Ad Konings, j?ai pu observé un couple qui gardait ses alevins de près de 2 cm dans la bouche mais uniquement à l?extinction de la lumière. Donc, près de 2 mois après leur naissance.
Pour finir, si vous souhaitez garder de la reproduction, je vous conseille de siphonner ou plus facile, de pécher à l?épuisette les alevins quelques jours après la nage libre et de les isoler dans un premier temps dans un petit bac d?une cinquantaine de litres et de les nourrir aux jeunes artémias ou de la nourriture sèche réduite en poudre. Vous pouvez laisser quelques jeunes dans le bac afin de voir le spectacle qu?offre la garde parentale sur plusieurs semaines, surtout lors de la distribution de nourriture. Maintenant, si vous souhaitez beaucoup de reproduction afin de les distribuer au plus grand nombre (et ce sera tout en votre honneur), il vaut mieux retirer le plus possible car mon couple ne s?est plus reproduit depuis et il a toujours une vingtaine d?alevins sous sa garde.
Pour ce qui est du second couple, il s?est déjà reproduit 4-5 fois mais vue la situation centrale de leur habitat, ils ont difficile à garder leurs alevins. La nage libre dure environ 2-3 jours avant de ne plus rien voir, hélas. Mais une semaine après, la femelle incube à nouveau.
Voici quelques photos quand les 2 incubaient:
Fred (Ammavita)