Salut,
ah un sujet hyper méga giga intéressant mais tellement délicat !!!! :hot: :hot: :hot:
bon, déjà, bien faire la part des choses entre comportements innés et acquis. Un comportement inné est un comportement transmis génétiquement à la descendance. Cela veut dire qu'un jeune qui vient de naître présentera ce comportement même s'il n'a jamais vu d'individus de son espèce, même pas sa mère. Un exemple bête et méchant : manger un truc qui bouge chez les cichlidés. Un comportement acquis est un comportement transmis par une autre voie que la génétique : l'apprentissage. Si un jeune ne grandit pas au côté de sa mère ou de congénères de son espèce qui ont ce comportement, il ne l'aura pas (à moins d'être un mutant et de présenter un comportement abherrant, on appelle ça un fou chez les humains). Des exemples : l'accouplement chez les pandas (en chine, ils leur passent des vidéos dans les zoos pour leur montrer comment on fait
), l'ouverture des bouteilles de lait en plastique sur les balcons en angleterre chez la mésange bleue (en 20 ans, elles ont toutes appris à le faire, ça peut pas être génétique et elles peuvent pas l'avoir découvert seules en même temps ou presque, il y a eu au moins imitation des voisins), la plupart des comportements humains, comme dire bonjour... etc... L'intelligence se traduirait plutôt par des comportements nouveaux, inédits, qui ne sont pas transmis.
Mais la chose la plus importante est de définir ce qu'est l'intelligence. Dès le départ, on est parti avec des préjugés humains. Basta. Pour moi, l'intelligence, ici, doit se resteindre à la capacité d'apprentissage et à la capacité de mémorisation. Ce sont deux choses différentes. On peut apprendre un truc à court terme et l'oublier 5 minutes après. Inversement, on peut apprendre qqch et le retenir toute sa vie (le premier amour par exemple). L'intelligence peut aussi être la capaciter à faire le lien entre deux évènements. Par exemple, la venue de l'aquariophile soigneur et de l'apparition de nourriture dans l'aquarium. C'est déjà de l'intelligence. Les biochimistes ont une autre définition et considère qu'il y a intelligence seulement s'il y a synthèse protéique dans les neurones (m'en demandez pas plus, c'est tout ce que je sais là-dessus, suis pas biochimiste ni neurobiologiste).
En ce qui concerne la différence entre l'homme et les animaux, c'est uniquement la présence de la conscience de soi (je sais que je sais que j'existe, y a pas de répétition dans la phrase). Un humain sait qu'il existe, pas un poisson, jusqu'à preuve du contraire. Je me souviens de documentaires qui affirmaient que les chimpanzés ont une conscience de soi. Un poisson sait qu'il existe, mais il ne sait pas qu'il sait qu'il est vivant. Pour info, juste avant mon départ, j'ai assisté au séminaire d'un thésard suisse qui étudit l'intelligence chez la drosophile (mouche du vinaigre, 5 mm de long) d'une manière très rigoureuse. Comme quoi, pas besoin d'aller loin pour trouver de l'intelligence. Il étudiait les capacités d'apprentissage et de mémorisation.
Un exemple : le choix d'un site de ponte optimal est-il signe d'intelligence ? il peut très bien être transmis génétiquement ou par imprégnation des jeunes. C'est pas alors de l'intelligence. Si les parents font des essais dans différents endroits tous choisis au hasard au début, puis qu'ils choisissent un type particulier de site de ponte parce qu'à cet endroit, ils obtiennent de meilleurs résultats ou que ça semble mieux convenir, alors oui, c'est de l'intelligence. C'est ce que le thésard en question fait avec ses drosophiles (enfin pas tout à fait, mais c'est à peu près le raisonnement suivi).
Les formes primitives d'intelligence concernent par exemple le lien entre le soigneur et la distribution de nourriture, entre la couleur d'un site de ponte et la présence de nourriture adaptée à cet endroit (cf nos drosophiles), entre un lieu et la présence de prédateurs (un couple de cichlasoma trop dérangés à un endroit par d'autres poissons pendant la garde des jeunes va changer d'endroits pour se reproduire). On pourrait penser au travail coordoné de plusieurs individus, mais c'est trop subjectif. Ches les lions, la mise en place d'une stratégie de chasse entre lionne est très complexe à interpréter en terme d'intelligence. Si on prend les fourmis, ce sont des milliers voire des millions d'individus qui travaillent en coordination pour faire fonctionner correctement la fourmillière, et pourtant, tout est transmis uniquement de manière génétique. Pas évident du tout chez les lions, d'autant plus que les jeunes doivent apprendre à chasser avec leurs ainés. La mise en place d'une stratégie de chasse donnée, différente à chaque fois, est-elle vraiment une forme d'intelligence ? pas sûr du tout... ça peut être toujours le même schéma pour eux mais qui nous parait chaque fois différent à nous.
La forme la plus évoluée d'intelligence serait la conscience de soi. Une autre forme évoluée serait la capacité à représenter quelque chose subjectivement, comme on le fait avec une carte ou des dessins, l'écriture. Bon je vais pas m'attarder plus...
En tout cas, prudence avec l'intelligence. Une bonne référence je crois est Sociobiologie de Wilson (1985 ????).
Séb
PS : j'en profite pour faire un petit hommage tardif à Stephen Gould, mort il y a peu... si vous avez l'occasion de lire ses essais scientifiques (biologie, évolution, paléonthologie, accessible à tout niveau), n'hésitaient surtout pas !!!!