Michael.NEGRINI a écrit :
Je ne suis pas d'accord, pour moi l'argument beau ou pas beau n'a aucune raison d'être. En pratique, comme l'a souligné Patapon, ce sont les zones qui abritent le plus de diversité qui auraient ma faveur, il existe plusieurs sites qui abritent jusqu'à 3 espèces de Paretroplus (un Damba, un Lamena, un "kieneri") ou des sites qui abritent jusqu'à 3 genres de cichlidés endémiques : ceux là seraient prioritaires, que les poissons soient "beaux" ou "moches".
Tu charries... Tes écrits rejoignent les premiers que j'ai mis ici, tout en me faisant dire que je privilégie l'esthétique. Alors que précisément, de tous les critères de choix -originalité taxinomique, danger d'extinction, intérêt évolutif et spécialisation écologique, esthétique- c'est celui que, personnellement, je mets en dernier (sauf si on ajoute un critère du genre: utilité pharmaceutique ou alimentaire)! Le seul point où tu ne me rejoins pas, c'est que l'esthétique a quand même une importance: justement, entre Lipotes et Ailuropoda, qu'est-ce qui a joué infiniment plus en faveur du second? L'esthétique, même si, sur les autres critères, je pense que Ailuropoda est également mieux placé (mais pas de beaucoup). A tel point que, en effet, de nos jours, on privilégie les solutions "combinées", comme Patapon le souligne, mais s'il avait fallu choisir entre un biotope abritant 3 espèces de scarabées uniques, 2 papillons, 1 musaraigne, une chauve-souris et trois composées, contre un autre abritant le panda seul, qui, malgré tout, aurait pesé le plus dans la balance?
Donc, encore une fois, la conservation des espèces est à la fois affaire de taxinomie -plus le rang d'un taxon est élevé, plus il gagne en importance- et du reste. Implicitement, chacun des critères cités plus haut a un "coefficient". Le coefficient de l'esthétique est plus faible que celui du rang taxinomique, mais quand la note est très élevée, il l'emporte...
Un exemple de coefficient taxinomique élevé mais de note faible dans le reste: le tuatara de Nouvelle-Zélande. Extérieurement, rien ne distingue cet animal d'un bête agame, et pourtant, il remonte à une lignée éteinte depuis le mésozoïque. Mais son coefficient sympathie ou esthétique est faible, donc, il est méconnu du grand public.
On ne va pas tarder à savoir si Thalarctos (l'ours blanc) jouit du même coefficient de sympathie que Ailuropoda (le grand panda). Encore que, sur les autres critères, il est déjà plus mal placé.